Quand je scrolle mes pensées…

Article écrit par Valérie de Minvielle pour fabuleuses au foyer en juillet 2022

Les femmes qui viennent à moi arrivent souvent avec la plainte d’avoir trop à faire. Elles expriment à la seconde suivante le désir de tout bien réaliser.

Résultat : elles sont débordées.

Il leur est difficile de créer des priorités puisqu’à leurs yeux, « tout est prioritaire ».

Elles s’attachent avec autant d’ardeur à remplir les besoins de leurs enfants, le panier de courses et le frigo, mais aussi le planning d’activités stimulantes, leurs obligations au boulot, en tâchant, même quand ces activités ont englouti toute leur énergie, de rester désirable aux yeux de leur conjoint.

Et se trouvent perdues dans les méandres d’une intériorité qui ne leur appartient plus.

Je pense à Sonia, que je rencontre pour la première fois. Elle se plaint de douleurs graves au dos, ne se sent plus à sa place dans son travail. Elle déplore, à force de beaucoup travailler, d’avoir perdu le lien de complicité avec ses enfants, se sentant “à côté de la plaque” quand elle s’adresse à eux.

À la fin de la séance, elle me dit : « J’ai l’impression de vous avoir présenté ma situation, nous y avons réfléchi ensemble, je vois que vous avez bien compris ce qui se passe pour moi, mais j’ai une question : qu’est-ce que je fais maintenant ? Par où je commence ? ».

Sonia me fait l’effet d’être débordée, au sens littéral : elle semble ne plus savoir où sont les frontières entre elle et les autres. Elle se trouve à mauvaise distance de tout : trop impliquée dans son travail, trop loin de ses enfants, et peu à l’écoute de son dos qui pourtant souffre dans son architecture, lui criant peut-être de se pencher sur ses croyances profondes.

Pour autant elle continue son rythme fou, car, dit-elle « tout est prioritaire ».

Je constate bien souvent chez ces femmes que leur cerveau déborde de pensées autant que leur agenda déborde d’activités. Ces pensées plus ou moins claires, plus ou moins constructives, les assaillent du matin au soir et parfois la nuit.

Chez Sonia, certaines pensées sont créatives, mais elles se perdent souvent dans la masse de celles qui sont plombantes, négatives, et qui s’enchaînent entre elles par un effet boule de neige. Elle pense tout le temps, au point de vivre parfois une impossibilité à penser de façon constructive.

Sonia se dit “à bout”, ne sachant pas comment s’y prendre pour sortir de cette spirale infernale.

Ce qui épuise Sonia et d’autres femmes, n’est-ce pas cette tendance à confondre “réfléchir” et “scroller ses pensées” comme on scrolle son fil Instagram ?

En tergiversant indéfiniment mais sans jamais rien construire, elles risquent de voir gonfler l’anxiété et le sentiment d’être victime des autres : « Qu’a-t-elle voulu dire ? Suis-je vraiment comme ça ? Et qu’en pense l’autre » ?

Scroller ses pensées me semble comporter le risque de laisser ses convictions et ses singularités dériver au rythme des injonctions variées qui tapissent les réseaux sociaux.

Les pensées comme les tâches du quotidien souffrent de ne pas être traitées par priorités :

quand elles ont toutes la même valeur, elles se mélangent dans un cocktail épuisant. Comment savoir alors ce qui a vraiment du sens pour chacune ? Comment, dans ce magma, isoler ce qui va la faire avancer, de ce qu’elle peut laisser tomber ?

Le scroll des pensées peut avoir valeur de protection contre des émotions difficiles, que l’on ne souhaite pas laisser émerger.

Mais c’est une tendance qui me semble refléter un biais de notre temps : celui d’abandonner notre singularité aux injonctions extérieures d’immédiateté et de “prêt-à-penser”.

Scroller ses pensées produit de l’épuisement.

Pour nous faire avancer, la pensée a besoin qu’on lui laisse du temps pour se construire et de l’espace pour se déployer.

Comment faire pour stopper ce fouillis de pensées agitées, anxiogènes et retrouver une pensée pleine, qui se déroule, s’égrène, s’épaissit, se construit ?

Je propose d’observer ses pensées en commençant par celles que j’appelle les “phrases assassines”, faciles à repérer. II s’agit de toutes les pensées d’auto-jugement du type « je suis nulle, j’ai encore crié, je n’y arriverai jamais, quelle idiote », etc. Les noter ne vise pas à renforcer le jugement que je porte sur moi, mais à comprendre de quoi je me nourris.

Si je pouvais regarder mes pensées comme je regarde mon assiette pour savoir comment je m’alimente, que verrais-je ?

  • De l’agressivité ?
  • Des problèmes ?
  • De belles images ?
  • Des inquiétudes ?
  • Des anticipations d’un temps à venir ?
  • Des regrets ?
  • Des rancoeurs ?
  • Des espoirs ?
  • Des petits riens ?

Ensuite se poser la question : Suis-je en train de m’empêcher de sentir telle ou telle émotion ? De la vivre ? De la reconnaître ? Suis-je en train de “meubler” ma conversation intérieure ? Par peur de quoi ?

Et toujours, dans cette recherche, essayer de se montrer indulgente avec soi-même. Chercher à devenir consciente de soi est un premier pas à faire vers la réouverture d’un espace d’intimité en soi, terrain de jeu privilégié pour une pensée créative et fertile, garante de la singularité de chacune.

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Valérie de Minvielle, psychologue clinicienne et créatrice de Ma Juste Place

Valérie de Minvielle, psychologue clinicienne

J’ai à cœur d’accompagner sur le chemin de leur juste place les femmes qui, à force de vouloir assurer sur tous les fronts, s’épuisent et font l’inverse de ce qui compte pour elles. En m’appuyant sur vingt ans d’expérience professionnelle en tant que psychologue et sur mon expérience de vie, j’ai mis au point une méthode sur mesure qui vous permet de bâtir une vie conjuguant sens et plaisir. Vous repartirez de chaque séance avec une vision plus claire de vos enjeux et des actions concrètes pour avancer.

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