Je suis incompatible avec mon mari

disputes en couple

Article écrit par Valérie de Minvielle pour fabuleuses au foyer en février 2022

Je me souviens des propos de ce thérapeute de couple qui, lors d’un congrès sur la sexualité féminine, concluait son intervention par ces mots : « Après avoir reçu des couples en consultation pendant 30 ans, je peux vous dire, mesdames, qu’espérer être comprise de votre compagnon est un vain projet. » Il a peut-être tué par ces mots le secret espoir de nombre de celles qui l’écoutaient. Mais il a soulevé cette question de fond :

Sommes-nous, hommes et femmes, faits pour nous comprendre ?

Pour ma part, je tournerais la question autrement. Faut-il comprendre son partenaire pour être en relation avec lui/elle ?

Est-ce nécessaire de se sentir entièrement compris de l’autre pour être « compatibles » ?

C’est peut-être ce que croient Mélanie, Valentine et Fleur qui frappent à la porte de mon cabinet de psychologue.

Mélanie a dû arrêter de travailler pendant les confinements de 2020, se retrouvant à la maison, sans travail, avec ses enfants entrant dans l’adolescence et son conjoint, dont elle constate au quotidien leurs différences de pratiques éducatives. Elle me demande de l’aide pour soigner ce qu’elle appelle une « overdose de famille » où elle ne trouve plus sa place. Désireuse de chercher un accord avec son mari sur leurs façons d’élever leurs enfants, elle lui propose des rendez-vous, qui n’ont jamais lieu, la laissant révoltée :

« Je suis la seule à vouloir parler pour changer la relation à nos enfants, c’est pourtant important, on dirait qu’il s’en fout. »

Durant l’accompagnement, elle met le mot « infantilisation » sur la relation entre son mari et elle, et réalise qu’elle nourrit aussi cette infantilisation dont pourtant elle souffre. Plus tard elle fera le lien avec sa propre histoire, comprenant ce qui se rejoue de son passé dans cette relation, puis elle se mettra en chemin pour trouver d’autres façons d’aborder son mari, dans une posture adulte. Elle réalise après quelques mois que ce qu’elle prenait pour de l’incompatibilité entre eux ressemble plutôt à un grand malentendu sur la place de chacun dans le couple.

Valentine aime rire, elle fait des blagues tout le temps, elle joue à imiter les autres et invente des histoires. Elle sait que son mari, qu’elle décrit comme un être sérieux, solitaire et prudent, est très différent d’elle. Mais au moment où elle fait appel à moi, son constat est amer :

« Quand je lui parle d’un projet que j’ai et qui m’excite beaucoup, il me répond que dès lors que c’est un projet construit il me soutiendra. Mais moi c’est maintenant que j’ai besoin de son soutien, justement, quand mon projet est à son début, à son état fou, et aussi flou que fou ! On ne se comprend tellement pas que je me demande si on n’est pas carrément incompatibles. »

Mélanie et Valentine se sentent toutes deux incomprises de leur conjoint.

Et échouent à leur donner leur propre mode d’emploi. Mais avant de vouloir que l’autre les comprenne, je m’attache à essayer de faire éclore le fonctionnement de chacun au sein du couple.

Valentine est créative, intuitive, et manque de confiance en elle. Elle a envie que son mari valide son idée, ce qui, pense-t-elle, lui donnerait la confiance qui lui manque pour passer à l’action. Son mari, lui, ne voit peut-être pas les choses ainsi. Il est possible qu’il se dise qu’encourager une idée « en l’air » aurait quelque chose d’irresponsable de sa part, voire de malhonnête, et que la meilleure façon d’encourager sa femme consiste à la convaincre de bâtir un projet « qui tienne la route » à partir de cette idée.

Valentine est dans une énergie toute féminine quand elle est dans son intuition, son mari dans son énergie masculine quand il répond en termes de structure et d’action.

Incompatibilité ?

Et si ces deux pôles exprimés trouvaient au contraire leur force dans la complémentarité ? Et si Valentine apprenait à aimer la part intuitive en elle, à la laisser vivre, jouer, gonfler, se préciser, avant d’en parler avec son mari ? Si elle choisissait d’en parler avec un ami, une sœur, qui vive aussi cette part créative ? Serait-elle capable alors d’entendre la réaction de son mari comme une réaction à lui, qui ne soit pas une menace pour elle ? Je parie que oui.

Fleur aussi se sent négligée par son conjoint. Très pris par son travail, elle le voit peu participer aux tâches de gestion du foyer, et se sent écrasée par la charge mentale. Après une séance, elle relit sur mes conseils « Les 5 langages de l’amour » de Gary Chapman*. Bien que son mari refuse de lire le livre, elle arrive à lui décrire les 5 langages d’amour, et il se prend au jeu.

Il identifie son langage d’amour comme étant les services rendus.

Elle dit :

« Ça m’a ouvert les yeux sur certaines de mes attentes envers lui, et surtout cette découverte m’aide à lui rendre service non pour attendre de la reconnaissance de sa part mais pour lui dire je t’aime, sans quémander de la reconnaissance qui ne vient pas. Je le fais de manière plus libre. D’ailleurs j’ai pris la décision de me faire aider plus par ma femme de ménage à la maison. »

Ces trois femmes se sont-elles senties mieux comprises par leur conjoint après la séance ? Difficile à dire. Ont-elles mieux compris leur conjoint ? Peut-être oui.

Ce qui me paraît transformateur dans ces 3 histoires, c’est le moment où chacune, sortant de sa souffrance d’incomprise, s’est mise à interroger la différence de vision entre les deux conjoints.

Ont-elles compris que leur sentiment d’incompatibilité prenait racine dans cette différence de vision ? Sûrement, oui.

Peut-être que ce qui compte, ce n’est pas de tout comprendre de l’autre, ni de se sentir entièrement compris de son conjoint, comme on le serait d’une mère aimante, mais plutôt d’accepter que chacun répond à des mécanismes différents des siens, et de s’ouvrir à ces différences pour mieux s’aimer ?

* Les 5 langages de l’amour, livre écrit par Gary Chapman, décrit cinq façons dont on se sent aimé. Les 5 langages sont : les moments de qualité, le toucher, les services rendus, les paroles valorisantes, et les cadeaux. Chacun aurait un langage préférentiel et l’auteur nous invite à identifier le nôtre, ainsi que celui de notre conjoint.

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Valérie de Minvielle, psychologue clinicienne et créatrice de Ma Juste Place

Valérie de Minvielle, psychologue clinicienne

J’ai à cœur d’accompagner sur le chemin de leur juste place les femmes qui, à force de vouloir assurer sur tous les fronts, s’épuisent et font l’inverse de ce qui compte pour elles. En m’appuyant sur vingt ans d’expérience professionnelle en tant que psychologue et sur mon expérience de vie, j’ai mis au point une méthode sur mesure qui vous permet de bâtir une vie conjuguant sens et plaisir. Vous repartirez de chaque séance avec une vision plus claire de vos enjeux et des actions concrètes pour avancer.

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