Ma juste place d’adulte à Noël

Article écrit par Valérie de Minvielle pour fabuleuses au foyer en décembre 2022

Noël est la fête du creux de l’hiver, ce moment où l’on touche le fond de l’obscurité, où tout est comme assourdi, à l’image de la nature. C’est le jour du solstice, qui s’inscrit au coeur des mois froids propices au repos, à l’intériorité, à la lecture, à l’attente et aux nourritures chaudes et moelleuses qui calent le ventre.

Noël sonne aussi l’heure des retrouvailles familiales.

Ce sont parfois les seules de l’année, quelques jours pendant lesquelles deux entités familiales, dont nous sommes le dénominateur commun, se confrontent. D’un côté, la famille qu’on a fondée avec notre conjoint et nos enfants. De l’autre, la famille qu’on a quittée, constituée de nos parents et de nos frères et sœurs. Ces deux systèmes sont parfois accordés, parfois pas du tout.

L’incompatibilité possible des deux modes de fonctionnement peut provoquer des conflits de loyauté générateurs de souffrance. C’est le cas pour nombre de femmes que j’accompagne.

Laurence s’en désole : « Chaque fois que je suis en famille élargie, je me sens critiquée au sujet des choix différents que j’ai faits pour mes enfants. Je suis peinée par les jugements que j’entends dans la bouche de ma propre fratrie, j’ai peur que nous ne nous entendions plus jamais bien ».

Pour ces femmes, se retrouver en famille élargie, c’est se sentir propulsées des années en arrière, et retrouver leur place dans le fauteuil encore chaud qu’elles occupaient enfant. Conflits, jalousies, rivalités, sarcasmes, comme si elles y étaient encore. Comme si elles n’avaient rien vécu depuis leur départ de la maison. Et pourtant si, elles sont devenues adultes.

Elles ne sont plus ces enfants qu’ils voient toujours lorsqu’ils les regardent.

Laurence en veut à sa famille de ne considérer d’elle que la part enfantine qu’ils ont connue. Elle, elle aime sa vie d’adulte. Elle a découvert des aspects d’elle-même qu’ils ignorent. Les gens à qui elle s’est frottée pendant toutes ces années l’ont aidée à devenir différente, à changer d’univers, à se bâtir une vie qu’elle aime. Pourquoi se sent-elle si blessée de se voir considérée comme l’enfant qu’elle était ? Parce que cette enfant est toujours présente en elle. Dans les replis de sa mémoire, dans chaque émotion qu’elle vit, cette petite fille est toujours là, avec ses blessures d’enfant plus ou moins cicatrisées. Laurence aspire à être considérée par ses parents et ses frères et sœurs comme l’adulte qu’elle est devenue, mais se retrouve empêtrée dans les émotions de l’enfant blessée en elle qui subit vexations sur vexations et réagit au quart de tour. Alors elle s’inquiète de ce Noël qui vient : « Je tiens vraiment à vivre cette fête avec paix et joie malgré tout, comment vais-je faire ? »

Comment faire ? Il est illusoire de penser réduire la grande complexité des systèmes relationnels qui régissent les rapports familiaux. Mais chacune peut agir.

Je peux prendre la responsabilité de mes blessures d’enfant.

Cela ne veut pas dire que tout est ma faute, cela veut dire que je peux nommer ce qui me blesse. Et je peux aussi m’occuper de mes blessures d’enfance. Comment ? En considérant qu’en moi vit cet enfant qui, peut-être, souffre encore d’une blessure passée. En honorant l’adulte que je suis devenue.

Mélodie me confie que les moments où elle se sentait le plus aimée, enfant, étaient ceux qu’elle passait avec sa marraine, une femme âgée qui lui accordait toute son attention. À l’âge adulte, elle a découvert le réconfort que lui procurait le fait de devenir pour elle-même cette marraine.

Bâtir un pont entre l’adulte que je suis et l’enfant que j’étais,

c’est aller à la fête en me sachant vulnérable aux piques éventuelles. C’est aussi répondre en toute humilité, sans chercher à déclencher une guerre, mais en disant quand je me sens blessée, froissée.

Car chaque jour, je peux décider : soit je me laisse envahir par l’émotion et je fonce tête baissée dans le piège du conflit familial, soit je réponds aux vexations par un pas de côté. Je me connecte au petit enfant blessé en moi et je n’attends plus que ma soeur, ma mère, mon père le console : j’en prends soin moi-même. Au milieu d’une atmosphère familiale à haute pression, je peux formuler l’intention de rester le plus possible dans le confort de ma sécurité intérieure.

L’adulte que je suis devenue peut tendre une main chaude et réconfortante à l’enfant vulnérable qui vit toujours en moi et lui dire : « Viens, on y va ensemble à cette fête de Noël. Tu n’es plus toute seule, je suis avec toi maintenant. Je m’occupe de toi. »

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Valérie de Minvielle, psychologue clinicienne et créatrice de Ma Juste Place

Valérie de Minvielle, psychologue clinicienne

J’ai à cœur d’accompagner sur le chemin de leur juste place les femmes qui, à force de vouloir assurer sur tous les fronts, s’épuisent et font l’inverse de ce qui compte pour elles. En m’appuyant sur vingt ans d’expérience professionnelle en tant que psychologue et sur mon expérience de vie, j’ai mis au point une méthode sur mesure qui vous permet de bâtir une vie conjuguant sens et plaisir. Vous repartirez de chaque séance avec une vision plus claire de vos enjeux et des actions concrètes pour avancer.

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